C’est le mot « veiller » qui est répété 3 fois par Jésus. Jésus évoque celui qui part de sa maison en donnant des consignes à ses serviteurs avant son retour, comme pour la parabole des talents. On ne sait pas quand le maître reviendra, mais les serviteurs savent qu’ils ont à faire fructifier leurs talents, et ici c’est le portier à qui le maître donne la consigne de veiller, de se tenir éveillé. C’est cette consigne que Jésus donne à ses disciples car il sait qu’il va partir, qu’il va mourir et aussi ressusciter et qu’il reviendra.
Le portier, son travail est humble, ce n’est pas le plus prestigieux, il ouvre et ferme la porte, mais c’est une grande responsabilité. Jésus, dans l’évangile de St Jean, il dit lui-même qu’il est la porte, par où entrent et sortent les brebis de la bergerie. Le portier doit veiller à ce que le troupeau soit au repos dans la bergerie, et il doit veiller à bien reconnaitre le berger quand il arrive. Veiller pour le portier, ce n’est pas seulement attendre, ou bien c’est une attente active, c’est veiller sur ceux de la maison, c’est être guetteur pour reconnaitre celui qui doit venir et ne pas faire entrer les prédateurs.
Jésus répète 3 fois le verbe « veiller » comme il répètera 3 fois à Pierre la question « m’aimes tu ? » après sa résurrection. Nous avons besoin que Jésus insiste lorsqu’il veut nous dire quelque chose. Sinon, ses paroles risquent de glisser sur nous. Alors que là, nous avons bien compris que nous devons veiller. Nous tenir éveillés et ne pas nous endormir dans notre rôle de guetteurs. Dans notre rôle de veiller les uns sur les autres. D’être nous-mêmes des éveilleurs, en particulier en éveillant à la foi les enfants, les plus jeunes.
St Paul est un bon exemple de veilleur. Il veille sur les communautés qu’il a fondées. Dans la lettre d’aujourd’hui, il s’adresse aux Corinthiens. Il les invite eux aussi à attendre la venue de Jésus, à tenir dans la foi, et à veiller à l’harmonie dans la communauté.
Isaïe, lui, dans une période où la foi est malmenée, implore le Seigneur de déchirer les cieux et de descendre sur terre. C’est bien ce qu’a fait Jésus pour nous délivrer du mal. Isaïe reprend l’image du potier : nous sommes l’argile, et nous sommes façonnés par le Seigneur, l’ouvrage de ses mains. Qu’en ce temps de l’Avent, nous nous laissions façonner, recréer, pour mieux repartir à la suite du Christ et affermir notre rôle de veilleurs, de guetteurs, pour participer à une Eglise où la porte est toujours ouverte, ouverte à la fraternité, à l’universel, et fermée au péché. Une Eglise qui donne une espérance au monde, dans son attente du Sauveur Jésus.
P. Jean-Christophe Cabanis
Is 63, 16b-17.19b ; 64, 2b-7 Ps 79 (80), 2ac.3bc, 15-16a, 18-19 1 Co 1, 3-9 Mc 13, 33-37