Jésus emploie une nouvelle parabole pour parler du Royaume des Cieux comme il le fait souvent. Une parabole où on a du mal à identifier le roi du roi du Royaume des Cieux parce que ce roi fait périr les meurtriers, incendie les villes. Cela rappelle trop ce qui se passe en ce moment en Israël et dans la Bande de Gaza qui est contraire à l’amour et à la paix de Dieu auquel nous croyons.
Retenons l’intention de ce roi qui est d’inviter largement pour les noces de son fils. Les invités n’en sont pas dignes parce qu’ils se désintéressent de l’invitation, la déclinent, et sont violents avec les serviteurs.
Retenons aussi que le roi invite ensuite encore plus largement, à la croisée des chemins, et que ces invités de dernière minute acceptent l’invitation. Il n’y a pas de test de moralité pour entrer dans la noce, les bons comme les mauvais sont invités, mais ce qui compte, c’est de revêtir le vêtement de noce. Quel est ce vêtement ? Là aussi, le roi se montre sans pitié pour celui qui n’a pas ce vêtement et garde le silence.
Je ne pense pas qu’il faut se mettre du côté du roi mais des invités. Nous sommes tous invités au repas des noces de l’Agneau comme nous disons à chaque eucharistie. Nous croyons que le roi de ce Royaume, c’est le Christ qui n’a aucune cruauté, mais qui est doux comme un agneau. Qui fait alliance avec nous, l’Eglise, mais aussi avec l’humanité, qui est l’Epoux et qui va donner sa vie, verser son sang en allant jusqu’au bout de son amour pour nous.
Ces noces, nous y sommes invités et nous déclinons parfois l’invitation. Soit en trouvant des prétextes pour ne pas nous rendre aux rendez-vous que nous fixe le Seigneur, soit par les manques d’amour dont nous pouvons faire preuve, soit en ne portant pas notre vêtement de noce. Ce vêtement, c’est celui de notre baptême, c’est la blancheur de la pureté, c’est la lumière qui nous habite et qui nous habille, qui nous fait rayonner, c’est la joie qui nous comble et qui peut se partager par un sourire. Jésus nous prévient qu’une attitude contraire à notre identité d’enfants de Dieu, d’invités au repas des noces nous amène à une impasse, à une situation qui peut conduire à la violence. Jésus, roi du Royaume des Cieux, n’est pas cruel, ni son Père, mais il nous avertit que la voie contraire à l’invitation peut mener à la perdition.
Nous sommes invités mais aussi invitants, nous sommes les serviteurs envoyés à la croisée des chemins. Ce n’est pas à nous de juger qui est bon et qui est mauvais, mais c’est à nous d’aller vers tout le monde, d’être missionnaires, aujourd’hui où s’ouvre la semaine missionnaire pour la mission. A inviter à un rassemblement pour tous les peuples, comme le prophétisait Isaïe. Un rassemblement où les larmes seront séchées, où l’humiliation sera effacée. Nous voyons bien aujourd’hui l’urgence de cette invitation. Et de celle d’être témoins d’un Dieu de miséricorde, Père de tous, sans distinction.
P. Jean-Christophe Cabanis
Is 25, 6-10a ; Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6 ; Ph 4, 12-14.19-20 ; Mt 22, 1-14