« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Mt 22, 15-21
Pour commenter cet évangile avec cette phrase célèbre et remarquable de Jésus, je commence par une citation de St Augustin : « De même que César cherche son image sur une pièce de monnaie, Dieu cherche son image en ton âme. Que réclame de toi César ? Son image. Mais l’image de César est sur la pièce et l’image de Dieu est en toi ».
St Augustin fait référence au récit de la Création dans le livre de la Genèse quand « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa » Gn 1,27. Nous sommes créés à l’image de Dieu, mais cette image est abîmée par le péché depuis l’origine de l’humanité. Alors le Père a envoyé son Fils Jésus « image du Dieu invisible » comme dit St Paul dans une de ses lettres. Et dans St Jean, Jésus nous dit : « Celui qui m’a vu a vu le Père ». Et nous-mêmes, nous sommes transformés par l’action de Jésus qui nous aide à retrouver notre image de Dieu abîmée. Pour cela, il nous faut nous convertir, c’est-à-dire nous tourner vers Jésus, nous exposer à son regard. Se tourner vers le visage de Jésus en particulier par la prière, par la contemplation, par la méditation de sa Parole. Retrouver notre image de Dieu, c’est pouvoir la refléter autour de nous, refléter comme dans un miroir l’image de Dieu pour l’offrir au monde, à ceux qui nous entourent. Et c’est là que commence la mission, nous qui sommes le dimanche de la semaine missionnaire mondiale. Etre missionnaire, être témoin, c’est avant tout transmettre ce que nous vivons, ce que nous sommes. Et refléter aux yeux des hommes l’image de Jésus, l’image du Père, c’est donc une très grande responsabilité, on ne peut pas tricher.
Rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c’est rendre grâce à Dieu pour l’amour qu’il nous donne, et être digne de cet amour. Rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c’est vivre une vie sur le mode de l’amour, c’est rendre à Dieu son amour en passant par l’amour de nos frères, de notre prochain. Rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c’est aussi prendre soin de la planète qui est la Création de Dieu. Elle ne nous appartient pas. Le pape François insiste sur la préservation de la planète de façon urgente dans son dernier prolongement de l’encyclique Laudato Si qu’il nomme Laudate Deum (Louez Dieu).
Et rendre à César ce qui est à César est important aussi, c’est notre rôle civil ou civique que Jésus ne dénigre pas en disant cela. Nous sommes citoyens du ciel, mais aussi citoyens de cette terre, et notre rôle civique est important, nous avons à participer à la vie de la cité par nos différents engagements. Même s’il ne faut pas tout accepter, lorsque les César d’aujourd’hui, les dirigeants politiques ou économiques bafouent la dignité humaine, bafouent l’image de Dieu.
Pour en revenir à la semaine missionnaire mondiale, nous avons entendu, comme presque chaque dimanche, le passage d’une lettre de St Paul, un des plus grands missionnaires de l’Eglise, qui a permis que l’évangile gagne tout le bassin méditerranéen dès le premier siècle. Il dit que l’annonce de l’évangile s’est faite grâce à la puissance, l’action de l’Esprit-Saint. L’image de Dieu qui est en nous n’est pas statique, elle est poussée vers les autres par le vent de l’Esprit-Saint. St Paul félicite les Thessaloniciens parce que « leur foi est active, leur charité se donne de la peine, leur espérance tient bon ». L’image de Dieu, elle est encore plus belle à travers une communauté qui s’encourage dans la prière, qui s’occupe des plus pauvres et des plus petits, qui donne des signes d’espérance autour d’elle. Continuons à entretenir notre charité fraternelle et missionnaire, à l’image de Dieu.
P. Jean-Christophe Cabanis
Is 45, 1.4-6 ; Ps 95 (96), 1.3, 4-5, 7-8, 9-10ac ; 1 Th 1, 1-5b ; Mt 22, 15-21