C’est le rendez-vous annuel que Jésus nous donne sur la montagne de la Transfiguration le 2ème dimanche de Carême. Jésus veut élever sur la montagne ses proches, Pierre, Jacques et Jean, comme il veut nous élever tous pour une expérience spirituelle avec lui. Il y a à voir et à entendre sur cette montagne. Voir Jésus transfiguré, ses vêtements et lui-même devenant d’un blanc éblouissant. Voir Elie et Moïse qui apparaissent, s’entretenant avec Jésus. Ils sont donc vivants puisqu’ils sont là, même s’ils sont décédés il y a très longtemps. La transfiguration de Jésus donne des indices sur la résurrection à venir. Il y a la nuée qui rappelle le temps de l’Exode où Dieu était dans la nuée et guidait Moïse et le peuple. Et puis il y a à entendre la voix du Père qui dit à ses apôtres : « Celui-ci est mon fils bien-aimé : écoutez-le ». On comprend que les apôtres soient dépassés avec autant de surprises. Ils ne comprendront véritablement ce qui se passe que lorsque Jésus sera mort et ressuscité. Nous sommes invités nous aussi à vivre des expériences spirituelles (comme pour ceux qui ont pu suivre la récollection de Carême hier à Pibrac). A suivre Jésus sur la montagne de la prière où nous avons à écouter ce qu’il veut nous dire, ou ce que veut nous dire le Père. Jésus n’a pas fini de nous étonner, comme il a toujours plus étonné les apôtres. Ses paroles sont édifiantes, ses attitudes envers les personnes sont pleines de miséricorde, mais c’est tout son être qui est divin, et Jésus veut nous introduire dans sa divinité.
Cette blancheur, c’est celle de la pureté et de la lumière, et c’est cette blancheur et cet éclat que Jésus nous transmet lors de notre baptême. Pour entretenir cette blancheur et cette proximité avec le Christ, nous avons à le suivre toujours plus haut, à le prier, à écouter sa parole. Et ensuite à redescendre de la montagne car la plaine est le lieu des rencontres, le lieu où faire du bien au nom de Jésus, avec lui.
Jésus monte sur la montagne de la Transfiguration et il veut partager son expérience avec ses amis les plus proches. Il sait que la montagne suivante qu’il aura à monter, ce sera celle du Golgotha, de la croix. Et ses apôtres ne le suivront pas, à part St Jean.
Dans la première lecture, c’est encore sur une montagne qu’Abraham croyait qu’il devait sacrifier son fils. Dieu l’a arrêté à temps, il ne veut surtout pas de sacrifices humains. Mais il a félicité Abraham pour sa foi. Abraham a eu confiance en Dieu même s’il ne comprenait pas ce qui lui était demandé.
Dieu a arrêté le bras d’Abraham qui allait sacrifier son fils. Mais « Dieu n’a pas épargné son propre fils » nous dit St Paul. Le Père n’est pas intervenu sur la croix malgré le cri de Jésus : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? » Mais il va le ressusciter le jour de Pâques. La résurrection de Jésus est une promesse de vie comme le dénouement heureux du sacrifice d’Isaac est une promesse de bénédictions. Bénédiction pour toute la descendance d’Abraham et de Sarah qui sera aussi nombreuse que toutes les étoiles du ciel. Nous savons que dans cette descendance, il y a tous les croyants des religions monothéistes : juifs, chrétiens et musulmans. Nous sommes tous bénis à travers Abraham. Et si nous sommes tous bénis ensemble, ce n’est pas pour nous faire la guerre. Le dialogue inter-religieux est toujours plus urgent dans le monde. Un dialogue au service de la fraternité et aussi de la vie. Aujourd’hui, des enfants sont sacrifiés à cause des guerres, de la famine, à cause du réchauffement climatique. Notre foi, à l’image d’Abraham, doit nous aider à défendre la vie, à ne pas sacrifier la vie des autres mais à donner la nôtre à la suite de Jésus.
Jésus a donné sa vie. Nous aussi nous devons donner notre vie pour nos frères, à chacun de voir de quelle façon, spécialement en ce temps favorable du Carême.
P. Jean-Christophe Cabanis
Gn 22, 1-2.9-13.15-18 ; Ps 115 (116b), 10.15, 16ac-17, 18-19 ; Rm 8, 31b-34 ; Mc 9, 2-10