Dans cet évangile il y a un jeu de regard. Jean le Baptiste pose son regard sur Jésus pour pouvoir dire de lui : « Voici l’Agneau de Dieu ». Et ensuite Jésus posera son regard sur Simon pour lui dire : « Tu t’appelleras Képhas (Pierre) ». Poser son regard c’est comprendre la personne et dire une parole juste, c’est établir une relation qui ne fait que commencer.
Les deux premiers disciples, André et le 2ème qui est sûrement Jean, sont intrigués par ce qu’a dit Jean-Baptiste en désignant Jésus : « Voici l’Agneau de Dieu », et ils vont suivre Jésus qui les invite à demeurer avec lui. On ne sait pas ce qui s’est passé ce soir-là, mais l’expérience a dû être très forte puisque dès qu’André verra son frère Simon il lui dira : « Nous avons vu le Messie ». Celui qui était attendu depuis si longtemps par le peuple juif, ils ont compris qu’ils l’ont rencontré. Et Simon va rencontrer Jésus qui va poser son regard sur lui, qui est un regard d’amour, un regard de confiance car il l’appelle Pierre, et sur cette pierre, il dira qu’il bâtira son Eglise.
Dans la première lecture, il n’est pas question de regard, d’ailleurs le vieil Eli commence à perdre la vue, il est question d’un appel par la voix. L’enfant Samuel entend quelqu’un qui l’appelle la nuit. Il croit que c’est le prêtre Eli mais ce n’est pas lui. La troisième fois, Eli comprend que c’est Dieu qui appelle Samuel et Samuel répondra : « Parle Seigneur, ton serviteur écoute ». Mais on ne sait pas ce que le Seigneur va lui dire, c’est le secret de la relation personnelle que le Seigneur a avec chacun d’entre nous. Nous aussi le Seigneur nous appelle par notre prénom et il peut nous parler. Sur nous aussi il pose son regard, un regard d’amour, et il compte sur nous pour le suivre et pour construire son Eglise. L’aventure de la foi est à la fois personnelle parce que nous sommes tous uniques, et elle se vit aussi à plusieurs. Les premiers disciples ou apôtres se sont dit le mot, ils ne pouvaient pas garder pour eux cette si belle expérience de la rencontre de Jésus. Nous sommes tous appelés avec nos qualités, nos dons, et nous sommes appelés ensemble pour être unis dans le Christ. C’est ce que nous dit aussi St Paul dans la deuxième lecture. Nous formons tous un corps, le Corps du Christ, c’est en particulier pour cela que nous devons respecter notre corps, et aussi celui des autres. Nous sommes des créatures de Dieu et toute la Création doit être respectée, à commencer par nos propres corps. Et nous savons que nos corps sont malmenés dans le monde par la violence, par la débauche comme le nomme St Paul. Nous communions au Corps du Christ, nous devons en être dignes et respecter la dignité de toute personne qui est enfant de Dieu, corps et âme.
Nous sommes au début de l’année, nous sommes au début de l’évangile, Samuel est au début de sa mission de prophète, sachons recommencer sur les meilleurs bases notre relation avec Jésus, toujours plus intime, notre vie en Eglise, pour aller toujours plus loin pour désigner au monde l’Agneau de Dieu, celui qui nous apporte la paix.
P. Jean-Christophe Cabanis
1 S 3, 3b-10.19 ; Ps 39 (40), 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd ; 1 Co 6, 13c-15a. 17-20 ; Jn 1, 35-42