Jésus vient d’envoyer ses disciples en mission, c’était l’évangile de dimanche dernier. On s’étonnait qu’il ne les envoie que vers les brebis perdues d’Israël. Mais il faut attendre que Jésus soit ressuscité pour que les frontières soient dépassées et que le message parvienne « jusqu’aux extrémités de la terre ». Mais déjà la mission paraît démesurée : guérir les malades, expulser les démons… On comprend que les disciples aient de l’appréhension, qu’ils aient peur d’être mal reçus. En fait, en retour de mission un peu plus loin dans l’évangile, c’est la joie qui l’emporte lorsque ils viennent rendre compte à Jésus. La joie d’avoir été bien accueillis, d’avoir été écoutés, d’avoir fait du bien au nom de Jésus. Cette joie est supérieure aux obstacles, en particulier ceux occasionnés par les cœurs fermés.
Jésus veut rassurer les disciples en prenant l’image des moineaux Ce sont des créatures aimées de Dieu, mais le Créateur a encore plus soin de nous, les hommes. C’est la deuxième fois que Jésus prend l’image des oiseaux dans l’évangile de St Matthieu. Il disait déjà : « Ils ne sèment ni ne moissonnent, ni ne recueillent dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit ». Jésus ne veut pas qu’on s’inquiète, nous valons plus que des moineaux qui, eux aussi, ont du prix.
Jésus parle de l’âme et du corps. Les deux sont indissociables : l’âme est saine dans un corps sain. C’est l’âme qui dirige notre corps. C’est notre vie intérieure qui dirige notre vie. On doit se soucier de la nourriture de l’âme autant que de celle du corps. La nourriture de la Parole de Dieu, méditée, mâchée personnellement ou à plusieurs dans différents groupes. Et la nourriture de l’eucharistie. La nourriture du dialogue avec les une et les autres, même au-delà de nos cercles d’Eglise.
Le corps est important et nous devons avoir le souci de ceux dont le corps est malmené, qui ont du mal à se loger, se soigner, se vêtir, se nourrir. Nous formons un seul corps, nous rappelle St Paul, le Corps du Christ. Lorsque l’un d’entre nous souffre, nous souffrons tous.
Nous sommes envoyés dans le monde comme les disciples, comme Jérémie en son temps. Nous sommes aussi prophètes comme lui, comme St Jean-Baptiste, pour témoigner d’un Dieu qui est toujours avec nous, grâce à Jésus qui est venu sauver le monde et non pas le juger.
Notre monde nous inquiète par la présence du mal, de la violence, du manque d’espérance. St Paul nous dit que là où le mal et le péché ont abondé, la grâce a surabondé. Nous qui bénéficions de la surabondance de l’amour de Dieu de par notre baptême, nous qui sommes enfants de lumière, vivons en enfants de lumière pour éclairer notre monde qui doute, pour rejoindre la flamme de Jésus vivant qui nous précède.
P. Jean-Christophe Cabanis
Jr 20, 10-13 ; Ps 68 (69), 8-10, 14.17, 33-35 ; Rm 5, 12-15 ; Mt 10, 26-33