Depuis plus de dix ans, je souffre de crises de coliques néphrétiques à répétition, espacées de six mois ou un an selon les années. Douloureuses, ces crises sont comparables aux douleurs de l'enfantement me confie une infirmière qui prend soin de moi en ce jour de début avril où je suis étendu sur un lit de la Clinique des Cèdres pour gérer une énième crise.
Pourquoi la souffrance ? Aie-je péché pour que le Seigneur permette de telles douleurs ? Mes parents ou grands parents ont-ils fait le mal pour que moi, leur descendant, je souffre pour expier leurs péchés comme le croient les juifs questionnant Jésus face à l'aveugle né ?
Comment donner du sens à la souffrance ? Comment comprendre que les Gazaouis, les Ukrainiens, les Syriens souffrent de faim, de froid, de manque d'eau et d'hygiène, qu'ils soient les sans voix que le monde n'arrive pas à soulager ?
Certains chrétiens comme Marthe Robin ou Thérèse de l'Enfant Jésus sur la fin de sa vie, ont souffert des années durant alités, à ne "rien faire" de leur vie, au sens activité avec leurs bras et leurs jambes. Leur vie a-t-elle été un non sens pour autant ?
Je ne le crois pas au vu du rayonnement de leur message encore actuellement dans nos vies et nos églises.
La souffrance est et restera un mystère, mais me vient un passage de la prière des Laudes qui pourrait être un début de réponse : "Seigneur, que ton Fils dans l'homme, achève la victoire de la Croix".
Alors, que cette souffrance des peuples opprimés et ravagés par les conflits, que ces souffrances des patients hospitalisés aux portes de nos villes, que nos souffrances quotidiennes multiples et variées et non exprimées le plus souvent, soient offrandes au Père, oblations de nos vies de chrétiens pour le monde.
Ludovic Baudin