« Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron ». Chaque fois que Jésus dit « Je suis » dans l’évangile de St Jean, c’est une révélation. Il se révèle, comme au Buisson ardent où Yahvé avait révélé son nom à Moïse en lui disant : « Je suis ». Jésus dira « Je suis le bon berger » ; « Je suis le chemin, la vérité, la vie » ; « Je suis la lumière » ; et aujourd’hui « Je suis la vraie vigne » ; « Et mon Père est le vigneron … et vous, vous êtes les sarments ». Finalement, nous sommes introduits dans la Trinité à travers cette belle image de la vigne. Nous sommes reliés au cep, au cep de Dieu. L’Esprit-Saint n’est pas cité mais il est bien présent, c’est l’Esprit de Jésus qui passe dans la sève de la vigne pour que les sarments donnent de beaux fruits, sous le signe de l’amour.
En participant à la vigne, nous participons à l’œuvre de Dieu. Car les fruits que nous pouvons produire, ce sont les fruits de l’Esprit (dont parle St Paul) et qui sont l’amour, la joie, la paix, la douceur, la bonté, la maîtrise de soi… Ces fruits qui sont nécessaires pour notre monde. Pour les produire, nous qui sommes les sarments, nous devons demeurer dans la vigne et accepter d’être taillés pour donner un fruit toujours meilleur. Les sarments, on ne les voit pas, ils sont modestes, ils sont cachés par les feuilles, de toutes les couleurs selon les saisons, qui donnent des tableaux magnifiques. Les sarments, on ne les voit que l’hiver, c’est au moment où ils sont taillés. Et c’est pour cela que les sarments sont si droits. C’est une de leurs qualités d’être droits, mais pour cela ils doivent être taillés, et St Jean dit « purifiés ». Et l’évangéliste rajoute que nous aussi, nous qui sommes les sarments, nous sommes purifiés par la Parole que Jésus nous donne. La Parole de Dieu. La Parole de Dieu nous nourrit, nous apprend à aimer, et nous purifie, expulse de nous tous nos penchants mauvais. St Jean insiste sur le verbe « demeurer » : « Demeurez en moi, comme moi en vous » dit Jésus. Demeurez dans mon amour pour vous aimer les uns les autres, avons-nous entendu dans la deuxième lecture. Le fruit de la vigne, c’est bien celui de l’amour si nous demeurons dans l’amour de Dieu, si nous nous nourrissons de sa Parole, si nous sommes unis les uns les autres, en Eglise, et tournés vers ceux qui sont plus éloignés mais vers qui nous sommes envoyés pour offrir nos meilleurs fruits, les fruits de l’Esprit.
C’est ce qu’a fait la première Eglise du temps des Actes des Apôtres. Nous voyons dans le récit d’aujourd’hui quels obstacles elle a dû franchir. Paul, le persécuteur, est devenu persécuté. Mais la révélation que Jésus lui a faite sur le chemin de Damas le fera persévérer, avec l’aide de Barnabé et des autres frères, pour être au service de la vigne du Seigneur, qu’il ira planter et cultiver toujours plus loin, en Asie et en Grèce. Nous pouvons être fiers d’être les héritiers de cette vigne que nous avons aussi à faire fructifier en Eglise grâce à la sève du Christ qui est son sang, versé pour nous et pour la multitude en rémission des péchés et pour la vie éternelle.
P. Jean-Christophe Cabanis
Ac 9, 26-31 ; Ps 21 (22), 26b-27, 28-29, 31-32 ; 1 Jn 3, 18-24 ; Jn 15, 1-8