Nous entendons la suite de l’évangile de dimanche dernier, où Jésus donnait l’image de la vigne : Je suis la Vigne, dit-il, mon Père est le Vigneron et vous êtes les sarments qui portez de beaux fruits, les fruits de l’Esprit. Nous étions invités au sein de la Trinité à travers cet évangile de la Vigne. Le mot « amour » n’était pas dit, mais on pouvait le deviner. Alors qu’aujourd’hui, j’ai compté le mot amour ou ami ou aimer 12 fois dans l’évangile et 9 fois dans la lettre de St Jean. C’est bien un Dieu d’amour que Jésus est venu nous révéler. Un Dieu qui nous aime et qui nous invite au sein de la Trinité d’amour. Jésus insiste pour que nous demeurions dans cet amour. Et cet amour nous procure de la joie, une joie parfaite, dit-il. Et cette joie et cet amour, nous ne pouvons pas les garder pour nous. Nous devons nous aimer les uns les autres, faire circuler cet amour trinitaire, l’exporter toujours plus loin. « Pour que vous alliez et portiez du fruit » dit encore Jésus.
Jésus appelle ses disciples ses amis, il nous appelle ses amis. Nous ne sommes pas des serviteurs qui ne font qu’exécuter ce que veut leur maître. Un ami, on peut compter sur lui. Le Seigneur compte sur nous pour porter des fruits. Les fruits de sa Vigne, les fruits de l’Esprit que sont la bonté, la paix, la joie, la maitrise de soi,… selon St Paul.
La 1ère lecture est une belle illustration de cet amour de Dieu qui, à travers les apôtres, va toujours plus loin. Corneille, centurion romain, est le premier païen à recevoir le baptême avec toute sa famille. Pierre est le premier surpris d’aller chez cet étranger (on peut dire ennemi), impur. Mais la notion d’impureté est dépassée. Jésus l’avait déjà annoncé : une personne n’est jamais impure, quelle que soit sa religion, sa condition. Ce qui est impur, c’est ce qui peut sortir de nous-mêmes, si nous avons de mauvaises intentions, de mauvaises pensées ou de mauvaises paroles. Mais ce centurion agissait de façon droite, il était déjà dirigé par Dieu. Dans ce récit, l’Esprit-Saint descend sur l’assistance comme à la Pentecôte. L’Esprit précède St Pierre comme il nous précède et nous guide chez ceux vers qui nous sommes envoyés.
Je fais un petit clin d’œil à notre frère, notre ami Jacques Lavernhe, qui nous a quittés il y a deux semaines. Il allait toujours vers des populations souvent loin de l’Eglise, et pourtant il voyait l’Esprit Saint à l’œuvre au PRCP, Point Rencontre Chômeurs et Précaires qu’il avait fondé avec la paroisse il y a 30 ans. Pour lui, il n’y avait pas de frontières selon les origines, les classes sociales, ceux qui avaient un travail et ceux qui en cherchaient.
Nous sommes invités, comme lui et comme St Pierre, à sortir de nos cercles habituels, à être une Eglise « en sortie » comme le souhaite notre pape François, à relever les défis que sont le chômage, l’immigration, l’écologie,…, au nom de la fraternité et aussi de l’amitié. Si Jésus nous appelle ses amis, c’est que c’est l’amitié que nous devons cultiver. Nous ne devons pas seulement aider mais aimer. Et nous laisser toujours plus guider par l’Esprit, en ces temps qui nous rapprochent de la Pentecôte. L’Esprit qui nous réserve de belles surprises chez des personnes, jeunes ou moins jeunes, qui se sentent touchées par l’amour de Dieu et par sa Parole et qui demandent le baptême. Continuons à être, dans le souffle de l’Esprit, une Eglise accueillante, priante, joyeuse, engagée, dont l’amitié du Seigneur est contagieuse.
P. Jean-Christophe Cabanis
Ac 10, 25-26.34-35.44-48 ; Ps 97 (98), 1, 2-3ab, 3cd-4, 1 Jn 4, 7-10 ; Jn 15, 9-17