Se poser des questions, c’est le propre de l’homme. Mais une question fait toujours suite à un étonnement ! Alors de quoi nous étonnons nous vraiment ? Après la multiplication des pains, les gens recherchent jésus. Dans la confusion et l'ayant finalement trouvé, ils lui posent cette question : Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? Question incongrue et sans intérêt en fait, question qui montre seulement que les gens cherchent plus leur intérêt que la Vérité sur Jésus ! Question humaine qui ne demande qu’une réponse humaine… Jésus n’y répond pas ! À présent, jésus va les mener plus loin dans leur recherche de Vérité. Pour qu’ils se posent de véritables questions humaines dont la réponse ne peut que être reçu de Dieu dans la foi.
Dans sa réponse jésus va aider ces gens à le chercher d'une autre façon car il n'est pas le messie temporel qu'ils attendent. La première remarque que jésus fait à ces gens porte sur leur motivation : vous me cherchez parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. Jésus leur montre qu'en fait, ils ne le recherchent que pour eux-mêmes. Par ses guérisons, jésus avait attiré la foule dans un endroit où il n'y avait pas de nourriture. D'où peut être la confusion que les habite : la multiplication des pains n'est pas perçue comme un signe mais comme un acte de puissance servant à résoudre une question matérielle. Jésus donne une première explication : La multiplication des pains est le signe d’une autre nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle et que donnera le fils de l'homme…. Étonnant ! Pour cela il faut que l'œuvre de Dieu se réalise. Et cette œuvre, c’est que les hommes croient en celui qu il a envoyé. Les interlocuteurs comprennent que jésus se présente comme cet envoyé de Dieu. Alors quel signe peut il encore leur donner pour qu'ils croient en lui ? Car beaucoup de signes leur ont déjà été donnés !… C'est par leur intelligence qu'ils vont avancer : Jésus fait le rapprochement entre la multiplication des pains et l’épisode de la manne au désert. Ce rapprochement leur permet d'approfondir le sens qu'ils avaient de cet épisode. La manne au désert est l’œuvre de Dieu, mais cet épisode avait laissé le peuple hébreux dans une certaine interrogation comme dit le texte de l'exode :
Quand ils virent cela, les fils d’Israël se dirent l’un à l’autre : « Mann hou ? » (ce qui veut dire : Qu’est-ce que c’est ?), car ils ne savaient pas ce que c’était.
Moïse leur dit : «C’est le pain que le Seigneur vous donne à manger. »
On pourrait dire que le peuple hébreux se nourrit de cette manne mais aussi de l’interrogation qu’elle provoque ! A cette interrogation humaine, il faudra une réponse divine. Jésus leur propose donc une interprétation plus précise que celle de Moise :
C’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde.
Jésus répond à l’antique question restée sans vraie réponse. Parole d’autorité qui éveille la foi de ses interlocuteurs.
Le fils de l’homme s’est fait proche d'eux… de nous aussi !... C’est jésus lui-même qui est la réponse divine à la question « Mann hou ? » (Qu’est-ce que c’est ?),
Dans la foi, ils lui disent alors : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. ». La parole de Jésus est maintenant entendue et accueillie pour ce qu'elle est : la Parole de Vérité. Jésus peut alors se révéler comme étant lui-même le Pain de vie, la Source de vie. Et en réponse à ce qu'ils ont perçu dans leur cœur, Jésus peux les inviter à entrer à sa suite dans une démarche de foi :
Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ;
celui qui croit en moi n’aura jamais soif.
Il y a ici toute la délicatesse de jésus : il ne force pas la liberté des hommes. Jésus vient toujours au devant de ceux qui le cherchent : Cela passe par des signes qui suscitent en nous de nouvelles interrogations et qui nourrissent notre intelligence de la foi. Il ne s'agit pas bien sûr de voir des signes partout. Mais si on ne veut pas en voir du tout, le monde demeure un monde matériel fermé sur lui-même, sans perspective. Cette conception du monde engendre la tristesse finalement car tout est déterminé... que devient la liberté de l'homme ? … que devient l'homme ? et comment peut il encore agir? C'est l'anthropologie du monde païens que dénonce St Paul. Il nous exhorte à laisser tomber les agissements de l'homme ancien guidé par ses propres pensées, qui n'accepte d’autre vérité que celle qu'il peut échafauder par lui-même. Attitude qui l’enferme dans ses propres convoitises et en définitive dans l'erreur. St Paul nous exhorte au contraire à nous revêtir de l'homme nouveau, à nous laissez renouveler par la transformation spirituelle de notre pensée comme dit le texte. C’est dans cette attitude croyante que l'homme peut se laisser guider vers la Vérité : La Vérité qui est plus grande que lui. Plus grande que nous ! Aux interrogations humaines, il n’y a qu’une seule réponse divine : le Christ agissant en nous par l’Esprit Saint. Notre croissance spirituelle se réalise alors par le Christ qui se donne… qui se donne en nourriture : Par la Parole de Dieu qui suscite toujours un certain étonnement et qui éclaire notre intelligence de la foi,
Et puis dans l'Eucharistie qui nous réjouie de la présence du Seigneur et qui augmente notre charité… C’est cette Nourriture que nous partageons fraternellement à chaque messe !
- Amen
Pascal Desbois