Ce qui se passe au Moyen-Orient est le franchissement d’un échelon de plus dans l’escalade de la violence. Comme si cela ne suffisait pas avec la Bande de Gaza et tous ceux qui y sont prisonniers et affamés dans cette prison à ciel ouvert. Le conflit avec l’Iran, après que l’Irak et la Syrie aient été ravagés depuis des années sans pouvoir se relever, présage encore que le Moyen-Orient va être encore plus victime de la violence humaine et des intérêts internationaux comme celui du pétrole. N’est-ce pas pourtant la terre d’Abraham, le père des croyants juifs, chrétiens, musulmans ? Comment la paix, shalom, salam, peut-elle être si défigurée ? Comment l’échelle de Jacob, qui indiquait le haut et le ciel (Gn 28,12), est-elle détournée vers le bas, vers l’enfer ?
Le réchauffement climatique, lui, met notre planète en surchauffe, à commencer par les océans et les forêts qui s’embrasent. Des régions entières dans le monde sont menacées de désertification, entraînant des flux migratoires supplémentaires, la traite humaine et des refus aux frontières toujours plus dramatiques. Et ce réchauffement climatique est lui aussi dû à nos comportements humains, nous qui sommes toujours plus avides de consommer. L’état du monde dépend des puissants pas toujours bien intentionnés, c’est vrai, mais aussi de nos comportements. Si nos vies sont plus sobres, si nous sommes artisans de paix là où nous vivons, si nous faisons « baisser la température » lors de discussions où le ton monte, alors des fenêtres d’espérance pourront s’ouvrir. Si nous continuons à transmettre aux plus jeunes que l’écrin de la nature est plus beau et plus réel que l’écran virtuel, alors leur avenir sera plein de promesses. Si nous continuons à aimer nos enfants, nos ados, en leur offrant un foyer familial et une Église où la chaleur n’est jamais dangereuse, où leurs qualités sont mises en avant et où ils sont aidés et aimés dans leurs défauts, alors leur cœur sera disposé à prendre des bonnes décisions, à se tourner vers les autres et non vers soi-même.
Le pape François dans sa dernière encyclique Dilexit Nos (Il nous a aimés) insistait sur la place centrale du
cœur dans la personne humaine. C’est le lieu unificateur, le lieu le plus intime de notre personne : « Le cœur est capable d’unifier et d’harmoniser l’histoire personnelle, qui semble fragmentée en mille morceaux mais où tout peut avoir un sens » (DN 19). Et François se lamentait souvent que la troisième guerre mondiale est là, elle aussi en morceaux. Mais le cœur du Christ nous irrigue depuis la croix et la résurrection, et il veut unir notre cœur au sien pour pouvoir toujours mieux aimer.
En ce lendemain de la Pentecôte, où nous sommes encore dans la chaleur et sous le vent de l’Esprit-Saint qui a soufflé fort dans notre diocèse en particulier, entretenons-en Église ce feu intérieur qui n’est pas là pour ravager mais pour aimer. Jésus n’est pas venu juger le monde mais le sauver (Jn 12,47). Nous n’avons pas non plus à juger notre monde mais à l’aimer, à vouloir le sauver par notre foi, notre espérance, notre charité.
J-Christophe Cabanis