La fraternité est l’un des premiers noms de l’Eglise. Je ne suis pas chrétien tout seul. Comme chrétien, je participe à l’édification de la communauté en apportant mes dons et charismes, en les offrant à la communauté. C’est un grand défi pour nous. Nous sommes invités à donner au monde une image unie au nom de Dieu selon les principes de la charité fraternelle. Je ne peux pas venir à la messe dominicale sans me sentir concerné par ce que je suis en train de vivre ou par ceux qui vivent avec moi. Je ne viens pas uniquement à la messe pour recevoir Jésus et partir.
J’ai le devoir de m’intéresser à la communauté, même sans m’engager mais au moins en m’intéressant, par exemple, aux personnes qui demandent le baptême, à ceux qui se marient, à ceux qui sont décédés. Autrement, si chacun vient uniquement pour lui-même à la messe, quel témoignage donnons-nous ? Nous avons à nous convertir sur ce point-là. Nous ne pouvons pas être que des consommateurs de sacrements.
Un chrétien est engagé vis-à-vis de ses frères et sœurs car il est dans le Christ, pour le service. Pour vivre cette fraternité, j’encourage la création de communautés fraternelles de six membres maximum. Elles sont appelées à se retrouver fréquemment, par exemple toutes les semaines ou toutes les deux semaines tout simplement pour un partage de la parole de Dieu, pour apprendre à se découvrir. Elles sont appelées à aider les autres dans la prière et le service mutuel.
Ces fraternités sont ouvertes et ne doivent pas devenir des petits clubs fermés. On peut y inviter un voisin chercheur de sens. On peut accueillir un nouveau baptisé. Ces communautés, dans un monde rural, peuvent également devenir l’âme du village à condition d’être ouvertes à tous. Quand il n’y a presque plus de membres dans le village, quand les prêtres ne viennent que rarement, on ne peut pourtant pas dire qu’il n’y a pas de communauté chrétienne. Même si vous n’êtes que quelques-uns, vous pouvez vous réunir et partager la parole de Dieu et prier ensemble.
Il est important de donner la parole aux plus pauvres. Comment faire corps du Christ si la parole des plus pauvres n’est pas entendue ? Pour que les plus petits, les plus pauvres, trouvent leur place dans une communauté, cela suppose de nous rencontrer, de découvrir les gestes cachés de chacun, cela permet à la parole de se libérer. Nous sommes parfois dérangés par les plus pauvres et les immigrés, mais c’est un heureux dérangement évangélique. Je demande au service de la diaconie de continuer à nous sensibiliser à la pauvreté.
Les jeunes ont parfois du mal à trouver leur place. Certaines personnes se plaignent en regrettant leur trop faible nombre durant la messe mais quand il y en a ce sont parfois les mêmes qui se plaignent, parce que les jeunes ont déplacé une chaise pendant la messe, ont fait un peu de bruit… Donc, quand il y a des messes de première communion, de confirmation… pour continuer à faire corps du Christ, nous nous devons d’assister à ces sacrements. Les jeunes sont un investissement pour le présent et le futur de l’Eglise. Ils ont besoin d’être accompagnés, d’être formés et sollicitent notre écoute, nos témoignages de foi, nos expériences.
Je pense que nos expériences de patronage sont une très belle initiative dans notre diocèse. C’est une très bonne chose que j’encourage fortement.
Le scoutisme se porte bien, très bien. Il y a toujours de nouveaux groupes qui se forment. Tout cela est à encourager.
Les jeunes célibataires ont un besoin spécifique d’accompagnement.
Enfin l’œcuménisme, l’unité des chrétiens, nous invite à nous ouvrir à nos frères protestants ou orthodoxes. Même si nous ne sommes pas toujours très à l’aise quand nous sommes avec eux, nous devons néanmoins prier ensemble. Cela fait partie de la conversion.
Olivier Chancel -