Ce beau récit de la multiplication des pains, nous aimons l’entendre régulièrement. Jésus nourrit la foule de sa parole, puis du pain et du poisson qu’il distribue de façon abondante à toute la foule qui était venue pour l’écouter, et aussi pour se faire soigner, pour les malades. Jésus prend soin des corps et des cœurs. Pour la multiplication, il a besoin des cinq pains et des deux poissons qu’apporte le jeune garçon. C’est le plus inattendu, cet enfant, qui apporte ce qui est nécessaire ! Les plus jeunes, et même les enfants sont à écouter, à prendre en considération, ils ont parfois des idées, des solutions aussi importantes que des personnes plus âgées qui ont plus d’expérience et de richesses. Jésus n’oublie pas son Père du ciel. Il rend grâce avant d’agir. Il ne fait rien sans que ce soit en accord avec son Père, dans la prière. Son Père qu’il retrouvera à la fin du récit, toujours dans la prière. Au moment où on voulait le faire roi ! Un malentendu avec la foule commence, que nous continuerons à comprendre au fur et à mesure des dimanches qui vont suivre où Jésus va parler du Pain de Vie.
Cette multiplication des pains est une annonce de la multiplication de l’amour de Jésus pour les hommes, lui qui va donner son Corps et son Sans en nourriture et en boisson, après avoir donné sa vie sur la Croix et être ressuscité. La foule n’est pas prête à entendre ce discours. Ce qu’elle aurait voulu, c’est que Jésus devienne son roi ! Lui qui est capable de nourrir une foule, il pourrait bien s’occuper de son peuple, le nourrir, le défendre, s’occuper de tout !
Mais Jésus dira toujours que son Royaume n’est pas de ce monde. Oui il est bien roi, mais du Royaume des Cieux, un royaume d’amour où il n’y a pas de frontières, ne dans l’espace ni dans le temps. Un royaume qui va jusqu’au ciel mais qui commence sur cette terre. Et la façon d’exercer cette royauté, c’est le service. A la suite de Jésus, nous sommes aussi les rois et les reines de ce Royaume, au service de ceux et celles que nous rencontrons. En tant que peuple de Dieu, nous sommes au service du peuple de Dieu, mais aussi de toute la grande famille humaine. Il y a aujourd’hui beaucoup de personnes affamées. Qui ont faim véritablement, dans leur chair. Nous devons nous pencher vers elles, dans notre pays ou dans des pays plus pauvres. Et si chacun apporte le peu qu’il a, notre foi nous aide à croire que notre geste, multiplié par d’autres gestes, peut participer à un monde où la faim soit éradiquée. La royauté du Royaume des Cieux ne veut pas que les personnes soient déresponsabilisées, assistées, mais que chacun trouve sa juste place.
La nourriture qu’attend l’humanité, c’est aussi celle de la Parole de Dieu. Les paroles de bonheur que développe Jésus, celles autour du partage et de l’amour. Nous devons toujours plus nous nourrir de ces paroles, et les distribuer, les partager à ceux qui ont faim autour de nous de paroles nourrissantes, bienveillantes et constructives, pour construire le Royaume de l’amour.
Quant à St Paul, ses conseils pour garder l’unité dans l’Esprit-Saint pour ne former qu’un seul Corps, nous pouvons les recevoir et nous appliquer à les vivre. Il recommande l’humilité, la douceur, la patience, apprendre à se supporter. Recevoir le Corps du Christ, la communion doit nous aider à ressembler au Christ et à construire son Corps, qui est sa présence dans le monde à travers nous. Belle responsabilité, royale, qui nous remplit d’humilité et de douceur.
Jean-Christophe Cabanis
2 R 4, 42-4 ; Ps 144 (145), 10-11, 15-16, 17-18 ; Ep 4, 1-6 ; Jn 6, 1-15