On peut comprendre que les 10 apôtres soient choqués de la demande de Jacques et Jean d’être les mieux placés près de la gloire de Jésus. Pour Jésus, il n’y a pas de hiérarchie dans les 12 apôtres, même si Pierre a un rôle de leader. L’important, c’est que les 12 soient toujours soudés, qu’il n’y en ait pas 2 d’un côté et 10 de l’autre. D’ailleurs, ce sera une de ses dernières prières adressées à son Père le soir du Jeudi saint : « Qu’ils soient un, comme nous-mêmes nous sommes un ».
Jésus reprend calmement Jacques et Jean, sans s’énerver. Il veut les aider à creuser leur demande. La gloire dont ils parlent, qu’ils veulent partager avec Jésus, savent-ils vraiment ce qu’elle représente ? Et par quoi Jésus doit-il passer pour l’atteindre ? Jésus leur parle d’une coupe à boire et d’un baptême à vivre. La coupe, c’est celle de sa souffrance à venir, celle de sa Passion. Son baptême, ce sera sa mort et sa résurrection. Et effectivement les apôtres, après la résurrection de Jésus, iront eux-mêmes jusqu’à donner leur vie au nom de leur amour pour le Christ.
La coupe, Jésus va la remplir de son sang versé, le sang de la vie. La coupe devient celle du sang de l’alliance, versé pour la multitude, c’est la coupe de l’eucharistie et le baptême, c’est celui qui donne la vie éternelle.
Jésus inverse aussi la demande de Jacques et de Jean qui cherchaient la gloire. Jésus leur parle de service. Ce qui compte, c’est d’être des serviteurs de nos frères et de nos sœurs.
Voilà, Jésus nous demande à nous aussi de purifier nos désirs. Ce n’est pas la gloire que nous devons rechercher, surtout pas en Eglise, du moins une gloire qui serait trop humaine. Ce que nous devons rechercher, c’est la gloire de Dieu. Et St Irénée nous dit que la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant. Tout faire pour défendre la dignité humaine, c’est rendre gloire à Dieu.
Pour cela, c’est une vie de service que nous devons mener. Une vie au service de nos proches, de l’Eglise, mais aussi au service de la société, pour qu’elle soit plus juste.
En ce moment à Rome, il y a la dernière phase du synode sur la synodalité qui a commencé il y a 3 ans. Ce synode doit permettre à l’Eglise d’être plus à l’écoute du monde d’aujourd’hui. Et d’avoir une organisation qui soit moins hiérarchique et plus fraternelle. Qui ne doit pas être divisée comme risquaient de l’être les apôtres, 2 d’un côté et 10 de l’autre. C’est l’unité que veut le Seigneur, cette unité pour laquelle nous faisons des efforts à tous les niveaux : paroisse, secteur, doyenné, diocèse. Unité avec nos frères d’autres confessions chrétiennes aussi. Plus nous serons unis, plus nous serons missionnaires. Plus nous pourrons témoigner que c’est l’amour de Dieu qui nous sauve, lui qui, par Jésus, a donné sa vie pour nous. Soyons ensemble au service d’un monde qui a soif de paix et de justice, soyons ensemble au service de la gloire de Dieu par notre vie de prière, notre vie en Eglise, notre vie de baptisés au service du Royaume de Dieu. Sachons pour cela partager la coupe de bénédiction que nous offre le Seigneur (en particulier lors de l’eucharistie) et aller jusqu’au bout de l’amour comme lui.
Jean-Christophe Cabanis
Is 53, 10-11 ; Ps 32 (33), 4-5, 18-19, 20.22 ; He 4, 14-16 ; Mc 10, 35-45