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Homélie – Bartimée ou la « foi qui sauve » – 30e dim. ordinaire, année B
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Homélie – Bartimée ou la « foi qui sauve » – 30e dim. ordinaire, année B

Ce mendiant aveugle de Jéricho, c’est l’homme… C’est chacun de nous : Nous sommes ce mendiant aveugle que Jésus rencontre sur le chemin qui le conduit à la Croix. Cet itinéraire qui part de Jéricho, la ville la plus basse sur la terre, vers Jérusalem, la ville de la Paix, n’est autre que l’itinéraire de foi de chacun. Nous sommes cet aveugle sur le bord du chemin, réduit à la mendicité et destiné à vivre chaque jour dans l’indigence. Nous sommes cet homme qui ne peut vivre sans Dieu et qui le sait. Et comme lui, nous avons en nous une force qui naît de la rencontre entre notre cœur d’homme qui se sait dépendant de Dieu et le don de Dieu. Cette force, c’est la foi, celle qui rend la vue aux aveugles, la foi qui libère de l’aveuglement du péché moyennant le don de Dieu, moyennant sa miséricorde. C’est la « foi qui sauve » : Fils de David, prends pitié de moi ! C’est cette force qui le pousse à crier…  sans la miséricorde de Dieu, que peut il encore espérer ?

         Jésus arrête sa course vers Jérusalem… Rencontrer cet homme blessé est en fait la raison d’être de son parcours ! Car s’il monte vers Jérusalem vivre sa passion, c’est bien pour lui ! Cet aveugle de Jéricho c’est bien chacun de nous. Il figure bien toute l’humanité blessée. Pourtant dans tout l'évangile, Bartimée est la seule personne guérie par Jésus dont le nom nous soit rapporté. Mot à mot, Bartimée signifie « Fils de Timée ». Timêe en grec signifie « honneur » Bartimée signifie « Fils d’honoré ».

Jésus, le Fils de David, l’appelle, et Bartimée répond promptement à cet honneur qui lui est fait et qu’il entrevoit déjà ! La rencontre entre Jésus et Bartimé, c’est la rencontre entre deux fils ! Etre fils, c’est se recevoir d’un autre, de celui qui est avant nous, c’est à dire du Père. En son fils unique, Dieu honore et accueille tous les hommes comme ses fils adoptifs !

         L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus. L’aveugle peut maintenant se libérer de ce manteau qui semblait peser depuis toujours comme une carapace sur ses épaules. Bondir et courir, c’est plutôt dangereux pour un aveugle ! Mais s’il en est capable, c’est qu’il n’est déjà plus vraiment aveugle ! Comme pour le fils prodigue retournant vers son Père : le pardon, la guérison est déjà réalisée en Dieu. Il suffit maintenant à Bartimé de cueillir le fruit que Dieu lui tend par son Fils !

Que veux-tu que je fasse pour toi?… Rabbouni, que je retrouve la vue ! L’homme, coupé de Dieu, est maintenant capable de demander à Dieu et surtout de recevoir, ce que Dieu veut lui donner de toute éternité ! Cet aveugle de naissance retrouve la vue... Il la retrouve pour voir Dieu dans son Fils bien aimé… autrement dit il est sauvé ! … il le nomme déjà  Rabbouni, comme l’appellera Marie Madeleine au matin de la résurrection. Finie la condition d'aveugle ! Désormais, il est l’homme debout et parlant.

         Jésus lui dit : Va, ta foi t’a sauvé!.. c’est bien la foi qui sauve… Va, mais pour aller où ?… Il accompagnera le Christ à Jérusalem… le lieu de la rédemption obtenue par le Christ pour chacun ! Avec lui c’est la joie de l’humanité entière qui se met à la suite du Christ ! Élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi, avait dit Jésus.

         Cet itinéraire de Jéricho à Jérusalem, nous le parcourons à chaque messe. Il commence par le Kyrie pour nous reconnaître pécheur, et dépendant de la miséricorde de Dieu. Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas, constate St Paul dans sa "lettre aux Romains". Puis le Christ se rend présent par la parole de Dieu. Comme pour réveiller en nous le désir de la rencontre. Puis nous proclamons notre foi dans le credo comme pour bondir vers le Christ. Enfin nous participons au sacrifice eucharistique. Alors nous communions tous au même pain, dans le même esprit… Bartimé disparaît dans la suite du récit évangélique, mais soyons sûr que sa joie d’être sauvé ne pourra jamais disparaître. Sa joie, c’est la nôtre aujourd’hui… la joie est indissociable de la « foi qui sauve ».

Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion,

nous étions comme en rêve !
Alors notre bouche était pleine de rires,

nous poussions des cris de joie.

- Amen

Pascal Desbois

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