Je retiens trois moments, ou trois attitudes de Jésus durant ce récit de la Passion : l’amitié, la prière et la souffrance donnée.
La Pâque chrétienne vient se superposer à la Pâque juive. Jésus a souhaité ardemment prendre son dernier repas, lors de la Pâque juive, avec ses amis, les apôtres. Ce repas est plein de gravité, Jésus sait que c’est le dernier. Il est aussi plein d’amitié, mais une amitié blessée, trahie par Judas et aussi par Pierre qui reniera Jésus. Mais Jésus veut permettre à son amitié de continuer même après sa mort. Il pressent sa mort prochaine, et aussi sa résurrection, et il partage le pain et le vin en disant : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang… faites cela en mémoire de moi ». La présence de Jésus va continuer, autrement, son amitié sera renforcée et va dépasser toutes les frontières du temps et de l’espace. C’est cette amitié avec Jésus dont nous vivons, en particulier à chaque eucharistie.
Ensuite Jésus se retire pour prier avec ses amis au jardin de Gethsémani. La prière est indispensable à Jésus. Tout au long de l’évangile on le voit en train de prier, de retrouver son Père. Même lorsque ses journées sont très remplies de rencontres, de guérisons, c’est la nuit qu’il se retire pour prier. Ce soir-là, il sait ce qui l’attend, son arrestation, sa Passion. Il a besoin de retrouver son Père, il l’implore d’éloigne la coupe de souffrance, mais il accepte de faire la volonté du Père, qui est de l’accompagner mais sans intervenir, sauf pour sa résurrection. Les apôtres sont dépassés et s’endorment. Jésus leur dit de veiller pour ne pas entrer en tentation. C’est à nous aussi qu’il s’adresse pour que nous priions, et nous éloignions de toute tentation. Au petit matin, lors de son arrestation, Jésus est prêt.
Dans tout le procès injuste contre Jésus et dans sa Passion, ce qui ressort c’est sa souffrance. Jésus, face aux souffrances physiques ou morales qu’il subit, les mensonges, les coups, les crachats, soit il gardera le silence, soit il répondra pour confondre ses accusateurs. Le Fils de Dieu est bafoué, c’est son titre de Roi des Juifs qui est contesté. Mais Jésus n’a pas revendiqué ce titre, il est roi du Royaume des Cieux, son royaume n’est pas de ce monde. C’est le royaume de l’amour. Jésus ne répond pas à la violence par la violence. Il ne répond pas, et s’il crie c’est vers son Père, comme pour une dernière prière d’abandon. Son attitude de souffrance offerte est si forte que le centurion romain est le premier à proclamer sa foi. La première expression de foi est au pied de la Croix, dite par un païen. Jésus est venu pour tous les hommes, pour la multitude. Que notre foi soit renforcée, en cette semaine sainte, pour que les chercheurs de Dieu puissent aussi découvrir la foi comme ce centurion, et se savoir aimés de Dieu.
P. Jean-Christophe Cabanis