Nous voyons à travers ces textes bibliques l’évolution des rites, l’évolution de l’alliance que Dieu scelle avec son peuple. En particulier la place du sacrifice. Du temps de Moïse, c’était le sang des boucs ou des jeunes taureaux qui était versé dans un rite de purification. En sacrifiant ces animaux, le peuple s’engageait à respecter la loi. L’alliance demande un double engagement. Celui de Dieu est constant au fur et à mesure des siècles. Il renouvelle l’alliance chaque fois qu’elle est rompue par les hommes. Et le peuple prend sa part dans l’alliance en s’engageant en particulier à suivre les 10 commandements.
Avec Jésus, le sang versé n’est pas celui des animaux sacrifiés mais c’est le sien ! Jésus verse librement son sang en donnant sa vie. Non pas qu’il a choisi sa mort cruelle sur une croix, mais il l’accepte. Il l’accepte et il lui donne du sens. Son sang versé, c’est le sang de la nouvelle alliance, et il le verse pour la multitude. Recevoir le corps et le sang du Christ, c’est penser à la multitude. Jésus n’oublie personne. La multitude, c’est toute l’humanité, toute la famille humaine. La multitude comprend la diversité : être unis autour de Jésus ne veut pas dire être tous pareils, ce n’est pas l’uniformité. La multitude humaine est pleine de richesses à découvrir et à valoriser grâce au sang du Christ qui nous irrigue. Parce que c’est un sang qui nous aide à toujours mieux aimer.
Le pain que Jésus partage et qu’il désigne comme étant son Corps, ce pain rappelle aussi l’Exode et le départ accéléré d’Egypte. Le pain est ce qui donne la force pour la route. C’est aussi le pain de la survie dans le désert avec la manne. C’est son Corps que Jésus nous donne en partage pour que nous prenions la route, que nous traversions nos vies avec leurs joies et leurs épreuves. Si Jésus nous donne son Corps en partage, c’est pour que nous apprenions nous-mêmes à partager, que notre vie soit partage. Et c’est aussi pour que nous formions le Corps du Christ, selon la belle expression de St Paul. Le corps est composé de membres qui sont différents mais complémentaires, et chacun est indispensable. Et tous les membres sont solidaires : S’il y en a un qui souffre, tout le corps souffre.
Le pain est pour la route et le Corps du Christ, dont le Christ est la tête, est toujours en route. Comme Jésus parcourait la Galilée, la Samarie, la Judée, notre Eglise qui est le Corps du Christ doit toujours être en chemin pour aller à la rencontre de ceux qui ont faim et soif de connaitre Dieu, de connaître la source de l’amour. Que la communion que nous vivons tous les dimanches et que nous fêtons spécialement aujourd’hui nous fasse aller toujours plus vers les autres, en particulier ceux qui sont dans les périphéries pour leur annoncer le Royaume, ou pour découvrir en eux le Royaume déjà présent car Jésus et son Esprit nous précèdent. Que la communion au Corps et au Sang du Christ renforcent toujours plus notre cœur pour aimer la multitude qui est toute la famille humaine.
Jean-Christophe Cabanis
Ex 24, 3-8 ; Ps 115 (116b), 12-13, 15-16ac, 17-18 ; He 9, 11-15 ; Séquence « Lauda Sion » (ad libitum) ; Mc 14, 12-16.22-26