L’exil à Babylone, c’est la pire période dans l’histoire du peuple hébreu. Dieu a-t-il abandonné son peuple pour autant ? Nous savons que non ! Par la bouche du prophète Ézéchiel Dieu va faire une annonce plutôt énigmatique : Dieu lui-même plantera une ramure sur la haute montagne d’Israël, elle produira du fruit et deviendra un cèdre magnifique abritant toutes sortes d’oiseaux. "Et tous les arbres des champs sauront que Je suis le Seigneur", termine la prophétie. Mais à quel événement fait référence cette prophétie ? Nous savons que le langage prophétique est sujet à interprétation ! C’est toujours après coup que l’on comprend véritablement une prophétie. Quand l’événement s’est produit, les hommes comprennent qu’ils doivent l’associer à la prophétie souvent prononcée longtemps avant. C’est alors que les hommes se convertissent. Dieu reste maître de l’histoire et il réalise toujours ses promesses. En plein exil à Babylone, Ézéchiel prophétise l’avènement d’un royaume de paix, de fécondité et de proximité avec Dieu. C’est la venue du Sauveur qui va accomplir cette prophétie.
Jésus annonce, prêche le règne de Dieu : présence agissante de Dieu parmi les hommes. Le règne de Dieu est fécond, il surplombe en quelque sorte toutes les réalisations humaines, et leur donne un sens ultime. "Tous les arbres des champs sauront que Je suis le Seigneur", avait dit la prophétie. Tout ce que nous faisons, se réalise à l’ombre du règne de Dieu. Ézéchiel prophétisait donc bien le règne de Dieu inauguré par la venue du Christ. Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus parle du règne de Dieu. Pour le décrire, il emploie lui aussi des images. L’évangile d’aujourd’hui nous en propose deux.
Celui de l’homme qui jette une semence en terre, pour en récolter les fruits au temps voulu. Le semeur c’est le Christ, la semence c’est la parole, la terre c’est notre humanité. C’est le Christ qui établit le règne de Dieu. Et il l’établit par sa parole. La parabole dit aussi que le semeur ne sait pas comment la semence germe et grandit.
• Le semeur n’est pas le propriétaire de la semence, il la reçoit d’un autre.
• Le semeur n’est pas non plus le propriétaire de la terre, mais il en récolte les fruits.
• Le semeur, c’est le Fils qui reçoit tout du père pour le donner aux hommes.
• La semence, c’est la Parole que nous recevons, qui nous éclaire et nous dirige pour que notre vie devienne de plus en plus féconde et plaise au Seigneur.
• C’est le Christ en Gloire qui sera juge de la fécondité de notre vie, et il la jugera sur l’amour.
La deuxième image est celle de la graine de moutarde, la plus petite des semences qui produit la plus grande des plantes potagères. Cette plante peut accueillir les oiseaux du ciel sous son ombrage. Cette petitesse nous dit que Dieu agit en nous en se faisant petit… en se retirant. Nous ne pouvons pas posséder le don qu’il nous fait. Pourtant cet arbre est plus grand que tous les autres, il dit ce qu’il y a de plus grand en nous : être capable d’accueillir la grâce de Dieu. C’est peut-être ça le règne de Dieu ! Alors nous portons du fruit, c’est ce que symbolisent les oiseaux du ciel. Le règne de Dieu dépasse donc toutes nos capacités humaines, il est autre chose !
Mais pour aller au-delà des images, il faut maintenant méditer sur la fin de l’évangile :"par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole puis il expliquait tout à ses disciples en particulier". L’enseignement sur le règne de Dieu se fait en deux temps, d’abord par des images données à tous, puis par un enseignement personnalisé, réservé à ses disciples. L’enseignement sur le règne de Dieu ne devient effectif que par un acte de foi. Le langage de la parabole nous laisse libre... Jésus le dit : ils auront beau regarder de tous leurs yeux, ils ne verront pas ; ils auront beau écouter de toutes leurs oreilles, ils ne comprendront pas ; sinon ils se convertiraient et recevraient le pardon. L’enseignement en parabole nous laisse donc libre pour que nous nous convertissions ! Pour vivre l’enseignement de Jésus, Il faut donc être son disciple, vivre à sa suite. Nous apprenons de lui à discerner véritablement le règne de Dieu dans notre vie… la façon dont Dieu nous parle !
Nous sommes encore tous un peu en exil à Babylone ! Mais à la suite du Christ nous sommes sur le chemin du Retour ! Alors comme l’avait exhorté St Paul aux Corinthiens dans la 2ème lecture : nous gardons toujours confiance, nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision et notre ambition, c’est de plaire au Seigneur. Alors cherchons à plaire au Seigneur là où nous sommes, sur le chemin de la Jérusalem céleste, pour terminer par une image… Nous retrouvons le temps liturgique dit ordinaire. Que ce soit pour chacun de nous un temps de croissance spirituelle. La semence germe et grandit, on ne sait comment, mais elle portera du fruit !
Amen
P. Pascal Desbois