St Pierre et St Paul sont fêtés ensemble car ils sont indissociables : ils sont les deux colonnes de l’Église. Pierre est le premier à confesser la foi de l’Église par une grâce reçue de Dieu, lui dira Jésus. Paul est celui qui a mis la foi en lumière pour toutes les nations appelées au salut. Ce qu’ils ont en commun ? Rien ! ils n’avaient aucune raison humaine de se rencontrer !… Rien en commun… sinon le Christ pour édifier son Église ! Tous les deux martyrs à Rome pratiquement au même moment.

Comme pour signifier qu’ils sont indissociables.

          Pour nous, ils sont comme deux faces indispensables à notre foi. Qu’est-ce que la foi, qu’est ce que croire ? Pourquoi la foi chrétienne réunit-elle autant d’hommes et des femmes qui n’ont à priori aucun commerce entre eux? Aucun intérêt commun ? Justement parce que la foi chrétienne n’est pas de cet ordre ! Il ne s’agit jamais d’intérêt personnel ou même communautaire. La foi n’est pas un patrimoine, un avoir … et pourtant elle se transmet ! Elle se transmet de la même manière que la vie… par la parole qui vient de Dieu. Une parole que l’on reçoit, une parole totalement ajustée au projet divin sur chacun. St Pierre la reçoit et la proclame aussitôt : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! Et aussitôt Jésus lui fait remarquer que ces paroles lui ont étés révélées par son Père qui est aux cieux. Pierre a été introduit dans l’amour du Père et du Fils. La foi naît et grandit par la parole qui a son origine dans cet amour infini !..

La foi embryonnaire de l’Église, c’est donc adhérer à une proposition simplissime :  Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! Ici pas de théologie, mais sa source, son trésor. C’est la personne de Pierre et de ses successeurs qui sera donc gardienne de cette foi si simple et si féconde qui fait du pape le vicaire du Christ. Si la foi nous laisse libre devant le mystère, elle interroge notre intelligence. St Paul, l’intellectuel, recevra du Christ une expression plus profonde du mystère. C’est lui entre autre qui donnera sa matière à l’intelligence de la foi, à la théologie.

          Ni Pierre l’homme de cœur, ni Paul l’homme de raison, ne peuvent être tout seul la référence pour notre foi. Pierre et Paul doivent s’embrasser ! La foi du charbonnier est appelée à s’éteindre tôt ou tard, si on ne l’alimente pas avec de la méditation. Nous devons soumettre cette foi primitive et entièrement donnée par le Père à notre intelligence humaine. Alors, le mystère devient de plus en plus cohérent et notre rencontre avec le Christ, notre foi grandit. C’est alors le Christ qui vit en nous, dira St Paul.  Et c’est le Christ qui nous projette hors de nous-même…  à la rencontre de nos frères et sœurs. La foi est formée par la charité, dira le même St Paul.

          La foi devient alors un dynamisme qui se transmet de génération en génération par la charité ! Son cadre : c’est l’Église du Christ ! St Pierre et St Paul nous apprennent ensemble que pour suivre le Christ il faut appartenir à son Église ! Alors fêter St Pierre et St Paul, c’est fêter l’Église du Christ ! St Pierre manifeste au monde le cœur de l’Église : mystère du Christ ressuscité qui attire tout les hommes à Lui. De ce fait St Pierre est le garant de son unité, gardien de la foi par la grâce particulière reçue du Christ lui-même. L’Église, par son unité mystérieuse, attire les hommes à elle… par attraction et non pas par inclusion… l’Église n’est pas un club ! Rappelons nous la prière de Jésus à son Père : Qu’ils soient un pour que le monde croit !

          D’une certaine façon, St Pierre : c’est l’Église qui contemple dans la foi son propre mystère… son propre trésor : le Christ… St Paul : c’est l’Église tournée vers le monde, il est le modèle de l’évangélisateur. St Paul est animé d’un feu : celui de l’amour du Ressuscité rencontré sur le chemin de Damas ! Mais il devra se rattacher à l’Église Mystère.

          St Paul, c’est l’Église en sortie…  chère à notre défunt pape François. Pour évangéliser, il faut être crédible dans ses actes et dans ses paroles certainement mais surtout être habité par une solide charité envers nos frères et sœurs... comme St Paul l’était. Alors l’Église a deux dimensions indissociables :

L’Église intérieure, contemplative, gardienne de son propre mystère : celui du Christ ressuscité.

L’Église extérieure, qui manifeste au monde la charité, qui est le fruit de ce même mystère.

Les deux sont faites l’une pour l’autre, elles doivent s’embrasser !…  De cet équilibre réciproque naît la vitalité de nos communautés chrétiennes. Équilibre difficile à discerner et à maintenir !… D’abord honorer le mystère par la liturgie et les sacrements de l’Église, l’Eucharistie et la confession personnelle et régulière qui permettent la croissance spirituelle des fidèles. Et puis porter le Christ au monde par l’exercice de la charité.

          Chers frères et sœurs dans le Christ, nous fêtons ce dimanche les mille couleurs de l’Église de Colomiers. Demandons à l’Esprit Saint de faire de ces mille couleurs une seule et même couleur, la seule couleur qui vaille : celle de la charité du Christ !

Amen.