L’homme est fait pour servir Dieu dit St Ignace. Il ajoute que tout ce qui est mis à la disposition de sa liberté est fait pour cela et ainsi avoir part au Salut, c’est à dire de participer au projet bienveillant de Dieu. Mais comment servir Dieu et non servir nos idées ou nos projets. Le projet bienveillant de Dieu, c’est le Royaume de Cieux que prêche Jésus.
Jésus nous enseigne avec la parabole du Maître d’un domaine : il s’agit d’une vigne à laquelle nous sommes invités à travailler. Ce maître va sortir pour trouver des ouvriers. Il y a deux façons d’être embouché : pour les ouvriers du matin, les premiers, il y a une discussion sur le salaire de la journée. Ils se sont mis d’accord avec le maître : un denier, c’est-à-dire une pièce d’argent, De quoi vivre correctement eux et leur famille. Puis le maître voit d’autres ouvriers inoccupés… il va les emboucher aussi à 9h, à midi, à 3h et enfin à 5 heure de l’après midi. Pour ces derniers, pas de négociation ni de contrat de travail nous dit la parabole : simplement Je vous donnerai ce qu’il y a de juste dit le maître. Travailler à la vigne du Seigneur commence toujours par une rencontre… par un appel personnel. On ne choisit pas sa mission… ni le début, ni ce que l’on y fera.
Travailler à la vigne du Seigneur, ce n’est pas accomplir un projet personnel qui nous tient à cœur : C’est s’engager dans une mission qui nous est donnée à un certain moment de notre vie. La parabole ne précise ni le type de travail, ni la difficulté ou le niveau de compétence requit pour cette mission. C’est la providence qui est à l’œuvre, elle saura nous donner les moyens de réaliser ce que l’on nous demande. Travailler à la vigne du Seigneur, ce n’est donc pas un travail comme les autres ! Ce travail prendra fin : dans la parabole c’est à 18h que prend fin la journée de travail… et cela pour tous les ouvriers… il n’y a pas de séance de rattrapage pour les retardataires ! Les derniers recevront un denier, c’est à dire de quoi vivre décemment eux et leur familles. Tous les hommes ont part au produit de cette vigne.
Les premiers embauchés, ceux qui avaient négocié leur embauche, comptent bien obtenir un petit plus… c’est logique, ils ont travaillés plus ! Travailler plus pour gagner plus : ce n’est pas compatible avec le Royaume des cieux. Parce que dans ce cas on travaille pour soi-même ! Pour sa gloire ! Le salaire que donne ce maître de la vigne n’est pas une accumulation, mais une participation, une communion à une réalité qui nous dépasse.
Jésus nous demande de choisir : travailler pour le Seigneur ou travailler pour nous-même. Si nous travaillons pour nous-même, alors la question du salaire se posera, en rapport avec l’effort fourni. Et puis la question suivante viendra : quelle place avons nous dans la hiérarchie des hommes ? Travailler à la vigne du Seigneur pour nous-même, c’est travailler pour nous-même… c’est être sans Dieu. C’est rechercher la place que l’on pense mériter, alors la place que l’on mérite : c’est la dernière ! Les fameux derniers ouvriers de la parabole ne se posent pas cette question, ils ont travaillés sans se soucier du salaire, ils auront travaillés vraiment à la vigne du Seigneur… pour le Seigneur. Il auront un denier car c’est le salaire dont ils ont besoin pour vivre décemment eux et leur familles. Le maître de la vigne est bon. Ces derniers seront alors les premiers.
On comprend la valeur symbolique du salaire unique de un dernier : En travaillant à la vigne du Seigneur, nous sommes tous rémunéré de la même façon :
rémunérés par la présence de Dieu dans notre vie… Et c’est le seul salaire digne d’un tel travail ! J’aime bien ce verset que l’on chantait au séminaire et qui vient de St Benoît :
Servir Dieu rend l’homme libre comme Lui !… Même si c’est fatigant parfois !…
Ce dimanche est providentiellement le dimanche de rentrée de la paroisse ! Certains y verront peu être un signe, un appel pour servir le seigneur en servant son Église ! Vous l’avez compris : servir Dieu n’est pas d’abord une question de compétence ou de disponibilité parce que Dieu pourvoira toujours et il ne demandera jamais l’impossible. Le salaire sera le même pour tous : la joie de servir et de participer à son projet qui donne sens à la vie.
Amen
P. Pascal Desbois