Aujourd’hui, nous fêtons la solennité de la Trinité. Le terme de Trinité n’est pas un mot de l’Écriture mais un mot de la théologie. Il vient de la contemplation du mystère de la révélation faite par les pères de l’Église. Le terme de Trinité nous invite nous aussi à cette contemplation.
L’Écriture nous rapporte comment Dieu a agi dans l’histoire des hommes. Dans l’ancien testament, Dieu est le Dieu unique, le Père tout puissant, Créateur de toute chose. Il est aussi protecteur de sa création et de l’homme créé à son image et ressemblance. C’est lui qui part à la recherche d’Adam après le péché originel. Il est le Dieu qui établit des alliances avec les hommes, il est le Dieu de la promesse, celui qui libère son peuple de l’esclavage en Égypte et qui lui donne une terre, une loi. C’est le Dieu qui annonce et prépare la venue du sauveur. Dans l’Évangile, Dieu est l’Emmanuel, Dieu avec nous, le Fils, le Verbe incarné. En prenant notre nature, il la transforme et réalise la promesse de l’ancienne alliance, ouvrant ainsi le salut à tous les hommes. A la Pentecôte, c’est l’Esprit-Saint qui est donné aux hommes. Par Lui, Dieu agit dans le cœur de l’homme. Il rend témoignage de l’amour absolu du Père et du Fils. Comme témoin il est lui-même cet Amour, un Amour agissant. L’Esprit-saint est celui qui nous éclaire et nous transforme tout au long de notre vie
• pour vivre selon le projet du Père,
• pour vivre en amitié avec le Fils, obéissant au commandement de l’amour du prochain comme soi-même, un amour qui prend sa source dans celui du Père et du Fils.
Dans l’Esprit, l’amitié que nous propose le Fils fait de nous des fils adoptifs du Père : tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu, dit St Paul dans la deuxième lecture. La solennité de Pentecôte clôture les événements du salut.
L’Écriture nous révèle la façon dont Dieu agit pour l’humanité et pour nous. Dieu nous transforme, nous sauve, mais on ne peut pas s’arrêter uniquement aux actions de Dieu sans chercher à le contempler, sans chercher à se rapprocher du Dieu dont on se sait aimé. Chercher à contempler le mystère de la Trinité, le mystère de Dieu en lui-même, est donc la suite logique des événements du Salut. La liturgie a tout aussi logiquement placé la solennité de la Trinité juste après la Pentecôte.
Mais pourquoi sommes-nous invités à méditer ce mystère ? On peut prendre un exemple de la vie courante : Quand vous allez au restaurant et que l’on vous sert un repas excellent, au-delà du simple plaisir gustatif, ce plat nous parle du cuisinier et nous donne le désir de le connaître. Qu’est-ce qu’il a voulu faire ? … qui est-il ? Et dans les grands restaurants, le chef vient parler à ses clients, c’est comme l’apothéose du repas ! Dieu nous sauve pour que nous le voyons ! On passe alors du don au donateur ! Et on aime plus encore le donateur que le don ! C’est ce que les pères de l’Église ont fait au concile de Nicée-Constantinople. Ils ont formé le mot Trinité : 1=3 ! l’unité en trois personnes. Le terme de Trinité ne peut s’appliquer qu’à la révélation chrétienne. Il exprime la nature même de l’amour. Il exprime à la fois :
• Ce qu’est l’amour : une unité parfaite.
• Et comment il est vécu de façon parfaite par le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Nous ne sommes pas tous des mystiques, mais cette contemplation, nous la vivons à la manière des hommes. Et nous pouvons en avoir l’intuition : Quand on aime quelqu’un, on aime ses qualités, ses défauts éventuellement aussi ! Il a sa manière à lui de faire les choses au quotidien, de marcher ou de parler. On savoure sa présence, sa bonté et pourtant on ne le connaît jamais vraiment. Face à une personne, nous sommes toujours face à un mystère.
L’amour est d’abord une dynamique de vie en croissance. Les chrétiens sont dans cette situation vis-à-vis de la révélation : l’Écriture rapporte l’action de Dieu et nous goûtons l’action de Dieu en nous. Ces expériences nous incitent à contempler le mystère de Dieu en lui-même.
L’Évangile parle du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Il parle d’un amour entre le Père et le fils, d’une communion totale entre eux. Le fils reçoit tout du père, et le Père lui fait tout connaître. Jésus parle de l’Esprit de vérité qui lui rend témoignage. L’Évangile rapporte aussi plusieurs manifestations de Dieu en trois personnes. Et puis dans l’Évangile que nous propose la liturgie, le Christ donne la formule du baptême : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Formule qui dit à la fois l’unité des trois personnes divines et leur distinction absolue. Elle dit ce qui habite la Trinité Bienheureuse : l'Amour. Dieu est amour en lui-même.
Alors comme nous disons dans la salutation au début de la messe : Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit-Saint soient toujours avec vous.
Amen
P. Pascal Desbois