Homélie du 8ième Dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Nous sommes dans la suite du discours de Jésus dans la plaine de la semaine dernière.
Jésus avait dit : « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ». Aujourd’hui, il donne l’image de la
paille dans l’œil de l’autre qu’on remarque, qu’on juge, alors qu’on ne voit pas la poutre qui est
dans notre propre œil. Jésus insiste sur la façon que nous avons de voir l’autre, de le regarder. Pour
cela, il faut avoir un regard pur, être désencombré de ce qui nous empêche de bien voir. Et comme
dit Saint-Exupéry, c’est surtout avec le cœur qu’on peut bien voir. Alors, allégeons notre cœur.
Faisons un travail sur nous-mêmes avant de vouloir le faire sur les autres. Et que notre regard
permette de voir ce que l’autre a de meilleur avant de voir le moins bon. Laissons-nous déjà
regarder par Jésus, parce que c’est un regard d’amour qu’il porte sur nous. Un regard brûlant
d’amour qui peut brûler nos pailles et nos poutres. Se laisser regarder par Jésus, c’est s’aimer soi-
même. Puisqu’il nous aime, comment pouvons-nous ne pas nous aimer nous-mêmes ? Et comment
pouvons-nous ne pas aimer notre frère, notre sœur qui est en face de nous ? On n’est plus dans le
jugement, on est dans l’amour, la fraternité.
Ensuite, Jésus donne l’image du bon arbre qui donne de bons fruits, et de l’arbre pourri qui
donne de mauvais fruits. Il en vient à parler de notre cœur. C’est notre cœur qui est bon ou
mauvais. A nous de l’entretenir pour qu’il soit toujours meilleur. Ainsi, quand il débordera de
notre bouche, ce sera pour dire de bonnes paroles. Et pour dire de bonnes paroles, il faut en
entendre, il faut être nourri de la Parole de Dieu en particulier. Comme le bon arbre du psaume qui
fructifie parce qu’il est au bord d’un ruisseau. Le temps du Carême qui approche est un temps
favorable pour écouter la Parole de Dieu. Elle nous nourrit, elle nous rend toujours meilleurs, pour
savoir dire de bonnes paroles réconfortantes et non pas accusatrices, pour savoir écouter l’autre,
voilà de bons fruits.
Dans l’Eglise catholique se pose en ce moment la question de l’arbre et de ses fruits avec
ce qui se passe au niveau d’associations ou d’établissements qui font beaucoup de bien mais dont
les fondateurs ou d’autres membres ont été reconnus pour leur perversité. L’abbé Pierre, Jean
Vanier, et maintenant le scandale qui éclate à Bétharram. On voit que les fruits sont bons : les
personnes handicapées de l’Arche sont au centre de l’attention bienveillante des foyers ; les
personnes à la rue retrouvent leur dignité par la vie communautaire et le travail à Emmaüs ; les
élèves de l’établissement de Bétharram reçoivent un enseignement de qualité. Cela veut dire que
les fondateurs ou les personnes perverses ne représentent pas tout l’arbre, n’atteignent pas tout
l’arbre. L’arbre doit être traité, c’est ce que font les différentes associations qui se remettent en
cause. Il faut surtout vérifier que cet arbre est bien irrigué par le ruisseau de l’amour de Dieu et de
sa Parole, qu’il ne s’est pas mis dans une situation de désert sans irrigation ou de péché.
St Paul nous invite à être fermes, inébranlables dans notre foi en Christ qui a vaincu le
péché et la mort. Notre monde et notre Eglise aussi sont entâchés du péché. Nous pouvons
dénoncer le péché et le mal, mais surtout nous attacher toujours plus au Christ qui nous donne son
Esprit-Saint pour que nous portions des fruits, les fruits de l’Esprit qui sont la paix, la joie, la
confiance, l’amour,…