Psaume de la messe du 2ème Dimanche de Carême, B
Lectio Divina, Lecture Priante
Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants.
Psaume 115 (116)
10. Je crois, et je parlerai, moi qui ai beaucoup souffert,
15. Il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens !
16. Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur, dont tu brisas les chaînes ?
17. Je t'offrirai le sacrifice d'action de grâce, j'invoquerai le nom du Seigneur.
18. Je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple,
19. à l'entrée de la maison du Seigneur, au milieu de Jérusalem !
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Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants. La liturgie propose comme refrain le dernier verset du psaume précédant (Ps114, v.9). Le texte grec et latin a dédoublé le psaume 115 en deux psaumes, qui sont de la même tonalité de grande louange après la souffrance. Des souffrances parfois incompréhensibles, où je me demande où est Dieu. Jésus l'a vécu, le soir du Jeudi-Saint. Et il s'est abandonné à la confiance en son Père. Son père qui lui a donné la terre des vivants dans la Résurrection du matin de Pâques. Moment vers lequel je suis en marche.
Moi qui ai beaucoup souffert. La première lecture de ce dimanche de carême, la souffrance d'Abraham devant l'appel de Dieu à sacrifier son fils Isaac appel qui semble contredire la promesse à lui faite d'une descendance innombrable. Souffrance, et aussi confiance en Dieu devant l’incompréhensible humainement. Un bélier sera offert en sacrifice à la place du fils. Et la promesse sera renouvelée et amplifiée : Toutes les nations de la terre s'adresseront l'une à l'autre la bénédiction par le nom de ta descendance. La grande souffrance du priant. Un individu isolé, ou tout le peuple d'Israël. La souffrance de Dieu : Il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens. Le poète Paul Claudel traduit ainsi : Ce n'est pas peu de chose aux yeux de Dieu que la mort de ceux qui l'aiment.
Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur... Sous l'intensité de l'émotion, le psalmiste interpelle le Seigneur : moi, dont tu brisas les chaînes. Les chaînes de l'esclavage en Égypte. Et à d'autres moments de l'histoire du peuple. Ou bien des chaînes dans l'histoire personnelle du psalmiste. Et aussi pour moi. Demande et merci pour la libération de diverses chaînes de souffrance dans mon passé, dans mon présent. Des chaînes d'addiction où je ne sens pas la souffrance. Des chaînes qui peuvent me lier à mon smartphone, à ma télé, à ma cigarette, à je ne sais quoi qui peut entraver ma liberté d'enfant de Dieu, qui contrarie mon Père. Le carême est un chemin vers Pâques, vers la grande libération apportée par Jésus. Le psalmiste va alors éclater de joie (v.17s) : Je t'offrirai le sacrifice d'action de grâce... devant tout son peuple... au milieu de Jérusalem. Il veut partager sa joie d'être libéré.
Je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple... A la fin du carême, le soir du Jeudi Saint, comme dans toutes les familles juives, Jésus célébrera le repas de la Pâque, le Séder, avec tout un cérémonial évoquant la sortie d’Égypte, la chute des chaînes de l’esclavage de souffrance. Un immense cri de joie et d'action de grâce envers le Dieu sauveur. Jésus sait que ses souffrances et sa mort ne seront pas le sinistre plongeon dans le néant, mais l'entrée dans la maison du Seigneur pour la louange et l'action, et l'action de grâce éternelle.