(Lectio Divina, Lecture Priante)
Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle.
Psaume 136(137)
Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion ; aux saules des alentours nous avions pendu nos harpes.
C'est là que nos vainqueurs nous demandèrent des chansons, et nos bourreaux, des airs joyeux : ''Chantez-nous, disaient-ils, quelque chant de Sion.''
Comment chanterions-nous un chant du Seigneur sur une terre étrangère ?
Si je t'oublie, Jérusalem, que ma main droite m'oublie !
Je veux que ma langue s'attache à mon palais si je perds ton souvenir, si je n'élève Jérusalem, au sommet de ma joie.
La première lecture de cette messe. (2ème livre des Chroniques).''Nabuchodonosor déporta à Babylone'' une grande partie du royaume de Juda-Jérusalem ''jusqu'au temps de la domination'' de Cyrus, roi de Perse qui autorisa le retour des exilés.Notre psaume, un très beau poème d'amour de la patrie, le souvenir nostalgique de la terre perdue, le mal du pays. On se souvient des fêtes de jadis, on rêve de leur rétablissement. Pour centrer ma prière, il peut être bon de me voir au milieu du groupe qui psalmodie à Babylone, près des ''vainqueurs'', des babyloniens enchantés, ou bien se moquant, au bord des fleuves de Babylone, le Tigre et l'Euphrate.
Jésus est comme en exil dans notre humanité. Priant ce psaume, il a pu anticiper l'angoisse de sa propre ''déportation'' près de ces fleuves mésopotamiens symboliques de sa mort. Mais, en même temps, il sait que la Résurrection est au bout du chemin. ''Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; maintenant, je quitte le monde, et je pars vers le Père'' (Jn 16,28).. Il admire le Temple. Il pense à un Temple qui sera lui-même, qui sera son Église.''Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu''.(Luc 13,34). Jésus s'en va, dans la confiance, vers la Jérusalem du Ciel.
Et moi, ne suis-je pas comme en exil sur cette terre ? ''Si je t'oublie, Jérusalem.''.. Que ma main et ma langue s'atrophient. Les exilés vivent une rude épreuve de confiance dans un avenir incertain quant à un retour à Jérusalem et aux conditions de ce retour. La tentation d'oublier Jérusalem ''sommet de ma joie''.La tentation de rester sur place, de vivre tout tranquillement, oubliant mon alliance avec le Seigneur depuis mon baptême et le chemin parcouru, négligeant mon œuvre au sein de la création, etc. Et la tentation de la nostalgie du passé de notre Église, du ''avant, c'était mieux''... Où en suis-je ?
NB. La suite du psaume est parfois mise entre crochets dans nos bibles. Des imprécations contre ''Babylone misérable, heureux qui te revaudra les maux que tu nous valus''... Se référer au contexte historique, le 6ème siècle avant JC. C'est l'AT et pas le NT. Cela ne m'arrive-il pas de penser, de dire : C'est bien fait pour lui, il n'a que ce qu'il mérite. ?