Cet évangile va bien pour les familles car il est question des époux, de leur union qui est voulue par le Créateur depuis l’origine, leur union dans la durée, pour toute leur vie.
Et les enfants sont bien présents aussi, bénis par Jésus, eux qui sont le fruit de l’amour de leurs parents.
Peut-être faut-il commencer par parler d’eux parce que Jésus dit que le Royaume des cieux est à ceux qui leur ressemblent. Et fonder une famille, c’est participer au Royaume des cieux, au royaume de l’amour. L’enfant, il est dans le présent, il n’est pas dans le calcul. Il reçoit tout de ses parents, et il est inachevé, il continue de grandir.
Jésus nous donne les enfants comme modèle car il est lui-même l’enfant du Père. Il est toujours en relation avec son Père, en particulier dans la prière, il ne peut pas se passer de lui, il attend tout de lui. Il s’est fait lui-même petit enfant en étant accueilli dans le foyer de Marie et Joseph, et en partageant notre condition humaine, il nous rend tous enfants du même Père au ciel. Et le Père ne peut pas non plus se passer de ses enfants.
Les époux, les parents, sont d’abord des enfants de Dieu avant d’être les parents de leurs enfants. Ils reçoivent du Père l’amour qui les unit, qui les consolide tous les jours, un amour qui est fait de don de soi, d’abandon, de pardon. En cas de conflit, Moïse a parlé de répudiation, mais Jésus veut remonter à la source de l’amour, au récit des origines dans la Genèse. Ce beau récit où Dieu, lorsqu’il a créé le monde, et l’homme et la femme, il les a destinés à s’unir, à s’aimer. C’est l’amour qui est au cœur de la Création et qui va passer par l’homme et la femme dans leur union.
Ce texte de la Genèse est souvent choisi pour le sacrement du mariage, pour célébrer la joie des mariés qui s’engagent pour toute leur vie. Nous savons que le mariage dans la durée est difficile, les séparations sont malheureusement très actuelles. Mais Jésus veut affirmer qu’il s’engage lui-même dans le sacrement du mariage. Il est l’enfant du Père, il est aussi l’époux de l’Eglise, c’est ce qui apparait dans des passages de l’évangile et dans des lettres de St Paul. Jésus s’est donné une fois pour toutes. Il a pris chair de notre chair et il ne veut former qu’un seul corps avec nous. Le sang qu’il a versé est celui de l’alliance nouvelle et éternelle. Les alliances que s’échangent les mariés symbolisent cette alliance de Jésus avec eux pour vivre ensemble les joies et surmonter les peines.
« Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas » dit Jésus. Il y a malheureusement des séparations que personne ne doit juger mais que tout le monde doit accompagner de façon fraternelle. Car la famille, ce sont aussi les frères et les sœurs. Et là encore, Jésus est le frère universel. La lettre aux Hébreux le dit, que nous venons d’entendre : Jésus est allé jusqu’à donner sa vie pour nous sanctifier, lui qui nous appelle ses frères.
Ayons cette attitude fraternelle et familiale de partager les joies que nous vivons, de nous soutenir dans les difficultés, de ne pas nous juger mais de participer ensemble à l’annonce du Royaume de Dieu, en ayant une âme d’enfant, en plaçant les enfants au centre de nos familles, de notre Eglise, de la société, et en nous tournant ensemble vers notre Père du ciel, lui qui nous donne son Esprit d’amour, par son Fils Jésus.
Jean-Christophe Cabanis
Gn 2, 18-24 ; Ps 127(128), 1-2, 3, 4-6, He 2, 9-11 ; Mc 10, 2-16