Visioconférence biblique : « La traversée du temps » qui ouvrira le cycle de conférences sur les âges de la vie !

S’interroger sur les « âges de la vie » revient à questionner notre rapport au temps, de notre naissance à notre mort. Ainsi spontanément s’impose l’image d’une « traversée du temps », comparable à un voyage sur l’océan, plus ou moins mouvementé, avec ses tempêtes, ses escales, comme autant d’étapes qui scandent les âges de notre vie. Dans cette hypothèse, c’est nous qui sommes à la barre pour cette traversée du temps. Or, dans sa sagesse, Israël inverse la perspective : c’est le temps qui nous traverse, et non l’inverse : c’est l’éternité qui nous porte, c’est l’ Être qui se déploie en nous, ’eyeh asher ’eyeh, « Je suis celui qui suis » (Ex 3, 14 ; Jn 8, 24), le Nom révélé à Moïse par « Celui qui habite le buisson », lequel, par conséquent, brûle sans se consumer (Ex 3, 2), symbole d’éternité, insensible à l’usure du temps. Que nous est-il arrivé pour que notre relation au temps soit ainsi profondément dénaturée ? Tout commence avec Adam et Ève, pourtant « créés à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Gn 1, 27), par leur rupture unilatérale ourdie par le serpent. Car « c’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde » (Sg 2, 24). Le corollaire en est la peur et la honte qu’éprouvent Adam et Ève de leur nudité (Gn 3, 10). Surgit alors l’égoïsme qui les oblige à sauver leur vie en accusant l’autre et Dieu par ricochet (Gn 3, 12). Désormais, nous vivons notre rapport au temps comme si chacun de nous était un sablier qui s’écoule inexorablement, acharnés à ralentir la chute du moindre de ses grains, désespérés par notre finitude, et cherchant les moyens d’en repousser artificiellement le terme, voire de le hâter afin d’en demeurer les maîtres. C’est pour nous arracher à cette malédiction que Jésus, le Verbe de Vie, « s’est fait chair et qu’il a planté sa tente parmi nous » (Jn 1, 14), afin que nous ayons « la vie, et la vie en abondance » (Jn 10, 10). L’enjeu pour nous consiste alors à rompre avec le temps qu’on tue parce qu’il nous tue, pour habiter le temps sauvé par et dans le Christ.